Avec le projet « Un autre regard » le président-directeur du Louvre, Henri Loyrette, veut établir une passerelle entre les arts. Objectif : ouvrir de nouveaux horizons à la collection du Louvre. En approchant l’auteur de bande dessinée Nicolas de Crécy, Loyrette ne pouvait pas soupçonner qu’il appellerait ainsi sur lui une nouvelle période glaciaire.
L’idée de « Un autre regard » est d’un côté de séduire le public, de jeter un nouveau regard sur des oeuvres mondialement connues comme la « Joconde » ou « La Liberté guidant le peuple » et, d’un autre côté, d’attirer l’attention sur d’autres oeuvres moins connues des riches collections du Louvre. C’est pourquoi, en 2005, Henri Loyrette, en collaboration avec les éditions Futuropolis, démarre une nouvelle collection de bande dessinée. Pendant quelques mois, les meilleurs auteurs de bande dessinée de leur génération se voient offrir libre accès au Musée du Louvre. Dans leurs bandes dessinées ces auteurs font un compte rendu de ce qu’ils ont vu au Louvre.
Nicolas de Crécy est submergé par la diversité des collections du musée. Quelle variété ! Même un visiteur comme lui, qui a quand-même suivi des études supérieures d’histoire de l’art, est parti du Louvre avec un sentiment de vertige. Comment exprimer cette diversité incomparable?
« Face à la variété des collections exposées au Louvre, malgré ma formation et mes lectures, je me suis senti complètement inculte ! » l’auteur explique ses premières impressions. « J’ai donc eu l’idée des personnages encore plus ignares que moi, découvrant le musée dans des milliers d’années. Ils ignorent tout de l’histoire de l’humanité exposée, ils n’ont même pas idée de ce qu’est un musée et ils se promènent dans le Louvre en croyant découvrir une seule et même civilisation à un temps donné. » De Crécy projette les lecteurs de sa bande dessinée « Période glaciaire » dans un futur imaginaire : l’Europe a disparu sous une couche de glace massive et le Louvre n’est qu’une ruine. L’auteur nous invite à découvrir ce futur lointain en tant que voyageurs du temps aussi étonnés que l’étaient les premiers archéologues qui se sont trouvés en face des peintures rupestres dans les grottes de Lascaux. Quelques mois avant d’entrer au Louvre, De Crécy avait découvert le décor de sa période glaciaire. Voyageant en Islande, il était tombé sur une scène assez surréaliste : une plaine hivernale avec un panneau de signalisation pris dans les neiges, contre un ciel nuageux rose avec au loin des montagnes bleues. Au printemps, indubitablement, le panneau retrouverait son sens, mais perdu dans les neiges, il était comme un point d’interrogation incontournable.